Autónomo, société limitée, société anonyme, … Quel statut choisir pour ton entreprise en Espagne ? Non, ce n’est pas qu’une question administrative. Le choix impacte aussi ta fiscalité, la protection de ton patrimoine et l’image que tu souhaites donner à ton activité. Alors pour t’aider à y voir clair, je passe en revue les principales options, leurs avantages et leurs limites.
Avant de foncer tête baissée dans le choix de ta forme juridique, mieux vaut se poser les bonnes questions. Car ce choix aura des conséquences directes sur ta fiscalité, ta responsabilité et même tes possibilités de croissance. Alors, par où commencer ?
Voici les questions à te poser :
Ces interrogations t’aideront à clarifier ta situation avant d’examiner les différentes options juridiques. Et comme tu vas le voir, chaque statut a ses avantages… mais aussi ses limites.
Autónomo, c’est la micro-entreprise made in Spain. Comme son homologue français, ce statut remporte un franc succès auprès des freelances et des solopreneurs.
La raison est simple, c’est le statut le plus simple et le plus rapide à mettre en place. Tu exerces en nom propre, sans créer de société. Un passage par la Seguridad Social, un enregistrement à l’Agencia Tributaria, et tu peux commencer ton activité. Pas besoin de capital minimum, pas d’associés obligatoires.
Mais attention! Qui dit simplicité dit aussi responsabilité illimitée. Autrement dit, si ton activité génère des dettes, ton patrimoine personnel (maison, voiture, économies) peut être engagé. À cela s’ajoute une fiscalité pas toujours avantageuse. En tant qu’entrepreneur individuel, tu seras soumis à l’IRPF (impôt sur le revenu des personnes physiques). Mais la bonne nouvelle, c’est que tu as la possibilité de déduire tes frais professionnels.
📌En bref : L’autónomo est idéal si tu travailles seul, que tes charges restent limitées et que tu veux te lancer rapidement. En revanche, si ton projet grossit, que tu embauches ou que tu cherches à limiter les risques, ce statut montre vite ses limites.
La Sociedad de Responsabilidad Limitada (SL) est la forme juridique la plus courante pour les petites et moyennes entreprises en Espagne. C’est l’équivalent de la SARL en France.
Jusqu’à récemment, il fallait obligatoirement apporter un capital minimum de 3 000 € pour la constituer. Mais depuis la loi Crea y Crece (2022), il est possible de créer une SL avec seulement 1 € de capital. Mais ce n’est pas sans condition. La société doit mettre en réserve 20 % de ses bénéfices jusqu’à atteindre les 3 000 €. Et en cas de liquidation avant l’atteinte de ce palier, les associés doivent combler la différence de leur poche. C’est donc une option plus souple pour se lancer dans l’entrepreneuriat, mais l’objectif est toujours d’atteindre le seuil de 3 000 €.
Hormis ce capital souple, l’un des gros avantages de ce statut, c’est la limitation de la responsabilité. En cas de dettes, seuls les apports au capital sont engagés, et non le patrimoine personnel des associés.
Mais tout n’est pas rose non plus. Sa création demande plus de formalités qu’un simple statut d’autónomo : il faut rédiger des statuts, passer devant notaire et s’enregistrer au registre du commerce. Ce qui implique aussi des coûts de création plus élevés.
📌En bref : la SL est une bonne option si tu veux sécuriser ton patrimoine, donner une image plus solide à ton activité et préparer un développement à moyen ou long terme.
💡 Pour les professions libérales réglementées, il existe un équivalent à SL, c’est la sociedad limitada professional.
La Sociedad Anónima (SA) est pensée pour les projets d’envergure, avec un fonctionnement plus rigide, mais aussi plus adapté à la levée de fonds. Pour la constituer, il faut un capital social minimum de 60 000 €, dont au moins 25 % doit être libéré dès la création d’entreprise.
Pour atteindre un tel capital, la SA facilite l’accueil d’un grand nombre d’actionnaires et l’entrée de nouveaux investisseurs. C’est donc la structure privilégiée par les grandes entreprises, ou celles qui envisagent un développement rapide et à grande échelle. Comme pour la SL, la responsabilité des actionnaires est limitée au montant de leurs apports, ce qui protège le patrimoine personnel. En revanche, les formalités sont encore plus lourdes : statuts détaillés, notaire, enregistrement au registre du commerce, et un suivi administratif plus exigeant.
📌En bref : si tu as un projet ambitieux, avec un besoin de financement externe et une volonté d’attirer des actionnaires, c’est le statut juridique à choisir pour ton entreprise en Espagne. Mais si tu as une activité individuelle ou une petite structure, elle reste disproportionnée.
La société collective repose sur la confiance entre associés. Elle réunit plusieurs personnes qui s’engagent dans une activité commune et partagent les bénéfices et les dettes. La collectivité est au cœur de ce statut juridique. Et cela se reflète au niveau de la responsabilité : elle est illimitée et solidaire. En clair, si la société ne peut pas payer, chaque associé doit répondre avec son patrimoine personnel.
Niveau formalité, sa création est relativement simple, et il n’y a pas de capital minimum exigé.
📌 En bref : ce statut est adapté à de petits projets où les associés se connaissent bien et souhaitent travailler en direct, sans lourdeur administrative.
Et pour t’aider à faire ton choix, voici un tableau récapitulatif des différents statuts juridiques en Espagne.
Forme juridique | Pour qui ? | Capital social minimum | Nombre d’associés minimum | Responsabilité |
Autónomo (Empresario individual) | Freelances, petits entrepreneurs seuls | Aucun | 1 | Illimitée (patrimoine personnel engagé) |
Sociedad Limitada (SL) | Petites et moyennes entreprises, projets en croissance | 3 000 € (possible à partir de 1 € avec la loi Crea y Crece) | 1 | Limitée aux apports |
Sociedad Anónima (SA) | Grandes entreprises, projets nécessitant investisseurs | 60 000 € (25 % libéré à la création) | 1 | Limitée aux apports |
Sociedad Colectiva | Projets communs entre associés de confiance | Aucun | 2 | Illimitée et solidaire |
Ce tableau est là pour t’aider à comparer rapidement les différents statuts juridiques en Espagne. Parfois, le choix se fait naturellement. C’est mon cas. Je suis consultante et coach SEO, je travaille seule et j’ai peu de frais fixes. Le statut autónomo est le plus adapté à ma situation. Mais chaque projet est différent. Si tu prévois d’embaucher, de chercher des financements ou simplement de protéger ton patrimoine personnel, il faudra réfléchir à une structure plus solide, comme la SL ou la SA.
Et si tu hésites encore, le mieux reste de consulter un gestor. Ces conseillers spécialisés connaissent les règles espagnoles sur le bout des doigts et pourront t’orienter vers la forme juridique la plus adaptée à ton activité.
Choisir le bon statut juridique, c’est pas juste une formalité administrative. Ça influence ton quotidien d’entrepreneur en Espagne.
Alors avant d’opter pour tel ou tel statut juridique en Espagne, prends le temps de réfléchir à ta situation actuelle, mais aussi à tes projets à moyen et long terme.