Liberté rimant avec responsabilité, devenir freelance en Espagne ne s’improvise pas ! Si le statut d’autónomo fait rêver pour sa flexibilité et son indépendance, il cache aussi son lot d’obligations qui, négligées, peuvent vite transformer ton aventure entrepreneuriale en cauchemar administratif. Amendes, majorations, contrôles… Pas de panique ! Je démêle l’écheveau des obligations légales du freelance en Espagne.
Si tu viens tout juste de débarquer en Espagne et que tu n’as jamais payé d’impôt ici, il faudra d’abord t’inscrire en tant que contribuable (le FISC réclame son dû). Pour ça, direction le SAT (Servicio de Administración Tributaria – en gros c’est notre service des impôts version espagnole).
Une fois que c’est fait, tu vas pouvoir vous inscrire en tant qu’indépendant auprès de la Sécurité sociale (RETA) et du trésor
Cette inscription au RETA (Régime Spécial des Travailleurs Autonomes) n’est pas une simple formalité. Sans elle, impossible d’émettre des factures légalement et donc de te faire payer.
Tu peux le faire en ligne ou directement dans les bureaux de la Sécurité sociale.
Pour la première option, direction le portail Importass. Ici, munis-toi de ton certificat électronique (DNI électronique, certificat numérique ou PIN Cl@ve), et suis le guide ! En 6 étapes bien balisées, tu renseignes la date de début de ton activité, ton secteur professionnel, tes revenus prévisionnels, tes coordonnées et ton IBAN pour les prélèvements mensuels.
Et si t’as du mal avec l’expérience utilisateur des sites web gouvernementaux (je te comprends tellement), sache que le traitement prend plus de temps lorsque les démarches sont effectuées en physique.
L’inscription au Trésor public, c’est ton sésame pour exister officiellement en tant qu’entrepreneur ! Cette démarche est cruciale, car elle te permet de facturer légalement tes clients, de déclarer tes revenus et de gérer ta TVA. En bref, c’est elle qui te donne le feu vert pour gagner de l’argent en toute légalité. Concrètement, tu devras remplir le formulaire 037 (la version simplifiée, parfaite pour les freelances) via le portail en ligne de l’administration fiscale. Tu y détailles ton identité, ton lieu d’activité, ton régime fiscal et de TVA.
Petit conseil : ne te lance pas seul dans cette aventure administrative ! Les subtilités sont nombreuses et un gestor (l’expert-comptable espagnol) pourra t’éviter bien des maux de tête.
Et attention, même si tu t’inscris au Trésor, tu n’es pas automatiquement inscrit à la Sécurité sociale (RETA) comme freelance en Espagne. Ce sont deux obligations distinctes, à effectuer séparément, idéalement à la même date pour éviter tout souci avec l’administration.
Impôt sur le revenu, cotisations sociales, TVA, … tu n’échapperas pas à l’imposition des travailleurs indépendants en Espagne. Découvre les taxes qui pèsent sur le statut d’autónomo.
Comme en France, il est impossible d’y échapper : l’IRPF (Impôt sur le Revenu des Personnes Physiques) est une obligation fiscale incontournable pour tout entrepreneur en Espagne.
Et comme en France, c’est un impôt progressif s’adapte à ta situation : plus tu gagnes, plus tu contribues. Mais contrairement au statut d’auto-entrepreneur, tu peux réduire ton imposition en déduisant les dépenses nécessaires à ton activité. Ton ordinateur portable, ton téléphone pro ou ton espace de coworking sont autant de dépenses qui peuvent alléger ta note fiscale.
Mais attention : chaque dépense doit être justifiée et réellement liée à ton activité professionnelle. Le fisc espagnol n’apprécie guère les créatifs en matière de déductions ! En pratique, une partie de cet impôt est prélevée directement sur tes factures via une retenue à la source lorsque tu travailles avec des entreprises espagnoles.
Le reste sera régularisé lors de ta déclaration annuelle, où tu déclareras l’ensemble de tes revenus nets.
👉 Mon conseil ? Vu la complexité du système fiscal espagnol, je te conseille aussi de te faire accompagner pour ces démarches. Si t’as un gestor, super. Sinon, sache que le gouvernement met en place des permanences pour aider les citoyens à remplir leur déclaration d’impôt sur le revenu.
Parlons maintenant d’une autre obligation mensuelle des freelances en Espagne : les cotisations sociales. Même si ton compte en banque fait grise mine et que tu n’as pas émis la moindre facture, ces cotisations ne prennent pas de vacances !
La bonne nouvelle pour les débutants ? Ta première année, tu bénéficies d’un tarif préférentiel à 85€ par mois. Ensuite, le montant variera selon tes revenus nets prévisionnels, une base que tu pourras ajuster jusqu’à 6 fois par an si nécessaire.
Le paiement se fait par prélèvement automatique. Alors garde toujours un œil sur ton solde bancaire. Un impayé et c’est la cascade de majorations, commençant à 20% et pouvant aller jusqu’à la saisie de ton compte. Pas vraiment le genre de surprise dont tu as besoin dans ta vie d’entrepreneur !
La taxe sur la valeur ajoutée, c’est un peu comme si tu devenais collecteur d’impôts pour l’État ! En tant que freelance en Espagne, tu dois appliquer 21% de TVA sur tes factures. Si t’es client sont espagnols, c’est une obligation. Par contre, si, comme moi, ils sont en France, tu en es exempté.
Cette TVA, ce n’est pas ton argent : tu la collectes auprès de tes clients pour la reverser ensuite au Trésor, tous les trimestres.
Mais voici la partie intéressante : tu peux déduire la TVA que tu paies toi-même sur tes achats professionnels (matériel informatique, connexion internet, électricité…). Concrètement, tu déclareras la différence entre la TVA collectée (celle de tes factures) et la TVA déductible (celle de tes achats pro) via le formulaire 303 chaque trimestre. Et n’oublie pas la déclaration annuelle avec le formulaire 390 !
D’où l’importance de tenir une comptabilité rigoureuse de ta TVA.
Pour être payé par tes clients, tu dois leur délivrer une facture. Que tes clients soient des professionnels ou des particuliers, la facturation est obligatoire. Cela dit, en Espagne, il existe une grosse différence entre les freelances B2B et B2C : le délai d’émission de la facture.
Même si c’est ton droit, je te conseille pas d’attendre aussi longtemps. Tu ne sais pas ce qui peut se passer entre temps ; une entreprise qui fait faillite, une restructuration totale, des litiges, … Bref, mieux vaut facturer à la fin de chaque prestation ou à période fixe. Perso, je fais ma facture une fois par mois, et ça suffit.
💡 Tes factures doivent être conservées pendant un délai d’au moins 4 ans après la clôture de l’exercice comptable. C’est le délai de prescription de l’administration fiscale.
Pour respecter tes obligations comptables en tant que freelance en Espagne, tu dois délivrer une facture en bonne et due forme. C’est-à-dire préciser toutes les mentions obligatoires :
En plus, je te conseille aussi de préciser le :
C’est pas obligatoire sur les factures espagnoles, mais ça permet d’être couvert en cas de client mauvais payeur.
Si les obligations comptables de l’autónomo sont allégées, tu dois quand même suivre tes factures, tes paiements, tes charges, ton chiffre d’affaires, …. Dans le jargon de la compta, on appelle ça un livre de recettes. Ce document comptable doit comprendre plusieurs informations :
À côté des recettes, tu as les charges qui peuvent être déduites de ton chiffre d’affaires pour payer moins d’impôts. Mais attention, si tu vas déjeuner avec une pote freelance, ne le comptabilise pas comme une charge à moins que ce soit vraiment une réunion d’affaires. L’hacienda se montre très regardante sur les charges déductibles. Alors assure-toi de pouvoir toutes les justifier sans problème. Et bien sûr, conserve toutes les pièces justificatives.
Sois ultra rigoureux dans ta comptabilité, car en cas de contrôle fiscal, la sanction peut être sévère. Et même si tu passes par un gestor, ça ne te dédouane pas de tes obligations comptables.
En plus de t’aider à respecter tes obligations légales, tenir une comptabilité claire te permettra de suivre l’état de tes factures et de ton chiffre d’affaires, fournir les bons documents à l’administration fiscale en cas de contrôle, et surtout, vérifier la rentabilité de ton entreprise.
Le plus simple, c’est le statut autónomo qui est parfaitement adapté au solo business. Mais si tu as envie de faire grossir ton activité, la sociedad limitada (l’équivalent de la société à responsabilité limitée) ou la sociedad anónima sont des options très courantes. Attention, les formalités de création d’entreprise sont plus lourdes.
La plus grosse différence concerne le paiement des charges sociales. En France, tu payes selon ton chiffre d’affaires. Si tu gagnes 0 €, tu payes 0€. Logique ! En Espagne, tu payes une somme fixe, peu importe que tu gagnes 0 ou 10 000 €.
La première année, c’est 85 € mensuel. Après, tout dépend de ton chiffre d’affaires, mais ça varie entre 205 et 1 500 € par mois.