S’installer en Espagne, c’est aussi partir à la découverte d’un autre mode de vie. Entre siesta, flamenco, fêtes colorées et pratiques ancestrales, la péninsule ibérique regorge de coutumes qui rythment le quotidien des habitants. Prêt à plonger dans cette richesse culturelle ? Suis le guide et découvre la culture espagnole.
Pour le Nouvel An en Espagne, un challenge de taille t’attend : avaler 12 raisins en 12 secondes. Autrement dit : tu suis le rythme des douze coups de minuit. La symbolique est forte, puisque chaque grain représente un mois de bonheur et de chance pour l’année à venir. Alors ne t’en prive pas.
Je tiens quand même à te mettre en garde, car l’exercice n’est pas si simple. Après 8 ans en Espagne, j’ai encore jamais réussi à tenir les 12 secondes.
Mais alors d’où vient cette coutume espagnole ? Ça remonte à 1909. À cette époque, les viticulteurs d’Alicante cherchaient une solution pour écouler leur surplus de production. Et ils ont initié les 12 raisins de la Saint-Sylvestre. La tradition a tellement séduit qu’elle s’est même exportée jusqu’en Colombie.
En Espagne, la semaine sainte, c’est bien plus que de simples vacances de Pâques. C’est un événement majeur qui marque la fin de l’hibernation et le début de la saison estivale. Pour les enfants espagnols, cette période est d’autant plus précieuse que c’est la seule semaine de vacances entre Noël et l’été.
Ayant grandi en France, je voyais Pâques comme une semaine de vacances normale. Ici, c’est une autre histoire.
Ma première expérience avec la Semana Santa a eu lieu en Andalousie (à Malaga précisément). Et là, le choc des cultures. J’ai pu assister à différentes processions partout dans la ville. Ces marches sont si importantes que de nombreuses rues sont bloquées pour l’occasion. Ce qui m’a choqué, c’est l’accoutrement assez étrange : les religieux portent des chapeaux qui ressemblent à ceux du Ku Klux Klan. Il n’y a aucun racisme derrière, mais ça reste surprenant.
Mais c’est surtout à Majorque que j’ai compris l’importance de cette culture espagnole. Dans les îles Baléares, il y a clairement un avant/après Semana Santa. Après l’hibernation, les bars et restaurants sortent de leur torpeur et rouvrent leurs portes. Enfin ! En contrepartie, les prix flambent durant cette semaine.
L’été espagnol s’anime avec les meilleures fêtes de quartier. Ces célébrations locales transforment les rues en scènes à ciel ouvert, créant une ambiance festive inoubliable. À Madrid, ne manque pas les fêtes de Lavapies et La Latina – mes préférées. À cette occasion, les rues se remplissent de concerts et les responsables de bars s’installent à l’extérieur, créant une atmosphère de joie contagieuse. À Barcelone, les fêtes du quartier de Gracia valent le détour. Ses ruelles étroites se parent de décorations thématiques et des mini-scènes accueillent des groupes locaux au milieu d’une foule enthousiaste.
Et rassure-toi, ces fêtes ne se limitent pas aux grandes métropoles. Même les petites bourgades ont leurs propres célébrations, t’offrant une chance unique de t’immerger dans la culture espagnole locale.
La culture espagnole s’invite aussi dans la danse. La plus connue : le flamenco. Ce mélange envoûtant de musique, de chant et de danse fait vibrer l’âme espagnole. Il puise ses racines dans un mélange d’influences arabes, juives et gitanes, où chaque interprète met un peu de son histoire personnelle. Les danseurs frappent le sol de leurs talons avec une précision qui te laissera bouche bée. Les guitaristes font pleurer leurs instruments pendant que les chanteurs poussent des « quejíos » déchirants qui te transperceront le cœur. Et ce, même si tu ne comprends pas un mot d’espagnol.
Perso, j’ai vu mon premier spectacle de Flamenco à Madrid. Mais si tu veux vivre cette expérience de la manière la plus authentique, je te conseille de te rendre à Séville, berceau de cet art passionné. Tu peux plonger dans l’ambiance unique du quartier de Triana.
👉 Mon conseil : pousse la porte d’un petit « tablao » local plutôt que de choisir un spectacle pour touristes. Tu y découvriras la différence entre une « bulería » festive qui te donnera envie de te lever et une « soleá » mélancolique qui te fera monter les larmes aux yeux.
Place à la culture espagnole et à la nourriture avec les tapas. Partagées entre amis ou en famille, ces petites portions de plats variés transforment chaque repas en moment de convivialité.
Si tu ne veux pas passer pour un touriste, sache que « ir de tapeo » signifie faire la tournée des tapas. Entouré de tes proches, tu parcours les « mesones » au gré de tes envies. Debout ou assis selon les lieux, tu profites d’une ambiance décontractée et festive, tout en te régalant des spécialités locales. Car chaque région d’Espagne a sa propre culture culinaire. Par exemple :
Niveau prix, c’est aussi très avantageux. Compte en moyenne 2 à 5 euros pour les tapas classiques et le double pour des versions plus élaborées. Après 3 ou 4 tapas, tu seras déjà rassasié. Et si c’est insuffisant, il y a aussi les « media raciones ».
💡 L’origine des tapas fait débat. Mais il y a deux versions que j’aime beaucoup. Une première version royale raconte qu’un roi aurait imposé de servir un en-cas sur les verres de vin pour lutter contre l’alcoolisme. Ah, ces Espagnols ! Et une seconde version plus pragmatique suggère qu’elles servaient initialement à empêcher les mouches de tomber dans les verres . D’où le nom « tapas » qui signifie « couvrir ». À toi de choisir celle que tu préfères.
Incontournable de la culture et tradition espagnole, la course de taureaux est loin d’être ma préférée. Mais malheureusement, elle existe.
Pour tout vous dire, j’ai eu l’occasion d’assister à une course de Taureaux. Je ne suis pas allé à Pampelune (le fief de la San Fermin), mais à Salamanque. L’événement coïncidait avec le carnaval, ce qui créait une atmosphère particulièrement festive et colorée. Ce fut une expérience culturelle marquante, mais aussi ma première et dernière. Même sans assister à une corrida classique où le matador tue l’animal dans l’arène, j’ai ressenti un profond malaise face à ce spectacle. Les taureaux, projetés dans les rues bondées, subissent un stress intense et une angoisse palpable. Ils n’ont pas choisi d’être là, exposés aux clameurs de la foule et aux provocations des participants. Alors oui, ça fait partie des traditions espagnoles, mais toutes ne sont pas bonnes.
D’ailleurs, au même titre que la corrida, cette coutume continue de susciter des débats passionnés entre les défenseurs d’un héritage culturel séculaire et les militants pour le bien-être animal. Sans oublier que l’événement a déjà tué une quinzaine de coureurs depuis ses débuts.
Bien plus qu’une simple habitude, la siesta incarne un véritable art de vivre qui privilégie l’équilibre entre activité et repos. Dans les petites localités espagnoles, tu remarqueras que de nombreux commerces baissent leurs rideaux jusqu’à 15h ou 16h (notamment lors des mois les plus chauds). Une fois la chaleur apaisée, vient le moment du « paseo ». Cette délicieuse promenade où les habitants sortent prendre l’air frais et socialiser.
Si cette tradition perd du terrain dans les métropoles modernes au rythme effréné, elle demeure un rituel précieux dans de nombreuses régions. Cela permet aux Espagnols de recharger leurs batteries avant de profiter pleinement des longues soirées méditerranéennes, rythmées par des dîners tardifs et des rencontres conviviales.
J’ai moi-même adopté cette coutume avec enthousiasme. Mon cerveau étant plus performant aux premières heures du jour, la siesta m’aide à maintenir une clarté mentale pour travailler dans l’après-midi. Et pas besoin de te reposer pendant 2 heures, 20 minutes suffisent.
Contrairement à notre système où l’on porte généralement un seul patronyme, les Espagnols héritent de deux appellations familiales. Le premier nom vient du père (apellido paterno) et le second de la mère (apellido materno).
Pour les expatriés francophones, cette tradition espagnole peut être assez déroutante. Notamment, si tu possèdes plusieurs prénoms, mais un seul nom de famille. Lors des démarches officielles, prépare-toi aux regards perplexes. Prends le temps d’expliquer cette nuance culturelle lors de tes interactions avec l’administration espagnole et garde toujours une pièce d’identité officielle. Tu en auras besoin plus souvent que tu ne le penses pour clarifier ta situation nominale.
Les Castellers, ce sont des tours humaines pouvant atteindre sept à huit étages de hauteur, représentent une tradition spectaculaire. De Barcelone à Valence, en passant par les Baléares, tu pourras assister à ce show spectaculaire avec différentes variantes selon les régions. Et ce, tout au long de l’année. En effet, il y a régulièrement des concours, où chaque » groupe » de Castellers se distingue par la couleur de sa chemise.
💡 L’UNESCO a inscrit cette pratique sur la liste du patrimoine culturel immatériel de l’humanité, reconnaissant sa valeur unique. Quand tu verras ces pyramides humaines s’élever vers le ciel, tu comprendras pourquoi.
Prêt à découvrir toutes ces traditions issues de la culture espagnole ?
