Droit du travail en Espagne - Quelles différences avec la France ?

code du travail espagne

Travailler en Espagne, c’est aussi apprendre à jongler avec des règles du jeu différentes de celles qu’on connaît en France. Contrats, salaires, horaires, congés… le droit du travail espagnol a ses particularités, parfois surprenantes, parfois avantageuses. Alors si tu t’installes sur la péninsule, mieux vaut savoir à quoi t’attendre. Combien d’heures travaille-t-on vraiment en Espagne ? Combien de jours de vacances a-t-on ? Quel est le montant du salaire minimum ? Et surtout, quelles sont les différences avec la France ? Les réponses sont ici. 

Contrat de travail en Espagne

Que ce soit pour les espagnols ou les étrangers, le contrat de travail est le même pour tous. Il fixe les règles du jeu : salaire, horaires, poste, droits et obligations. Mais le 28 décembre 2021, elles ont été modifiées par la réforme sur la stabilité de l’emploi et la transformation du marché du travail. L’objectif ? Donner plus de stabilité aux travailleurs et limiter la précarité.

Les différents types de contrat de travail

Parce que le droit du travail englobe une multitude de situations, l’Espagne prévoit plusieurs formats de contrat. 

  • Le contrat indéfini : c’est l’équivalent de notre CDI français (contrat à durée indéterminée). Aujourd’hui, c’est la norme. 
  • Le contrat temporaire : c’est lui qui a subi de gros bouleversements depuis 2022. La réforme visait à limiter son recours (autrefois abusif) en l’encadrant davantage. Il doit donc être limité dans le temps et justifié. Par exemple, un surcroît d’activité ou le remplacement d’un collègue.
  • Le contrat de formation duale : c’est un peu comme l’alternance. Il permet de travailler et de poursuivre sa formation en même temps. 
  • Le contrat formativo : c’est la convention de stage version espagnole. Il s’adresse davantage aux jeunes diplômés. L’idée étant d’acquérir les compétences liées au diplôme obtenu. 
  • Le contrat fixe discontinu : il concerne les fonctions périodiques, saisonnières ou par intermittence. C’est-à-dire, quand l’activité revient de façon régulière, mais non continue. L’avantage, c’est que le salarié maintient son ancienneté, même s’il ne vient pas tous les jours. 

💡 Pour les freelances, il n’y a pas de contrat de travail, car celui-ci suppose un rapport de subordination. Or, quand t’es indépendant, t’es pas censé être subordonné à tes clients. 

Les règles du contrat de travail

Dans la théorie de la réglementation du travail en Espagne, un contrat peut être signé à l’oral. Mais dans la pratique, la plupart sont écrits, surtout les temps partiels, les formations ou les stages. Mieux vaut garder une trace, car c’est ici que le travailleur retrouve l’ensemble de ses droits (et ses devoirs professionnels). Tu y retrouveras alors les conditions de travail espagnoles classiques : salaire, période d’essai, cotisations à la sécurité sociale, modalités de fin du contrat, etc. Ce dernier point est super important, car c’est lui qui définit tes droits au chômage. 

Les différences avec la France

Malgré la réforme de 2022, le droit du travail espagnol reste plus flexible qu’en France. Et ce, à deux niveaux : 

  1. Le recours aux contrats temporaires. Ils restent importants malgré les limitations.  
  2. La fréquence des licenciements. C’est plus facile de licencier en Espagne, car les indemnités sont moins élevées qu’en France.

Tu remarqueras aussi la présence du contrat fixe discontinu, qui n’existe pas dans la législation française et qui colle bien aux emplois saisonniers. 

Droit du travail et rémunération en Espagne

Les règles de rémunération

L’encadrement de la rémunération commence avec le seuil plancher. En Espagne, c’est le Salario Mínimo Interprofesional (SMI), l’équivalent de notre SMIC français. En 2025, il est fixé à 1 184 € brut par mois, calculé sur 14 paiements. La plupart des salariés perçoivent deux primes supplémentaires, en juin et en décembre, ce qui explique que le montant mensuel semble plus bas que sur 12 mois.

Ensuite, il n’y a pas de seuil plafond (et heureusement), mais des grilles de rémunération définies par les convenios colectivos. Ces conventions collectives, propres à chaque secteur ou entreprise, fixent des barèmes précis selon la qualification et le poste occupé. En clair, si tu travailles dans la restauration, tu n’auras pas les mêmes grilles que dans l’informatique ou la finance. Ces accords jouent un rôle central en Espagne. 

Les différences avec la France

Le premier écart saute aux yeux : le salaire minimum reste inférieur à celui pratiqué en France (quasiment 5 000 € de différence sur l’année). Mais ce décalage est en partie compensé par un coût de la vie plus bas dans beaucoup de régions espagnoles, même si Madrid ou Barcelone sont plus chers. 

L’autre différence majeure : les 14 salaires. Ça peut surprendre au départ, mais cette pratique structure la rémunération annuelle d’une manière différente, souvent perçue comme plus avantageuse en période de fêtes ou de vacances.

 

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Temps de travail légal en Espagne

Horaire de travail en Espagne

En Espagne, on travaille légalement 40 heures par semaine, en général sur cinq jours. À moins qu’un accord collectif prévoit autre chose, tu ne peux pas travailler plus de 9 heures par jour. Donc la semaine de 4 jours, oublie vite. 

Par contre, tu peux travailler plus de 40 heures par semaine. Ou plutôt, faire des heures supplémentaires. Mais elles sont encadrées. Tu ne peux pas dépasser 80 heures par an, et surtout, elles doivent être compensées. Soit par un paiement majoré, soit par du repos, selon ce que prévoit ta convention collective. 

À côté de la durée légale de travail en Espagne, ce qui marque le plus les expatriés, ce sont les horaires quotidiens. La journée commence souvent plus tard, vers 9 h ou 10 h, et peut se terminer plus tard aussi, parfois à 19 h ou 20 h. Pourquoi un tel écart ? La pause déjeuner (ou plutôt la sieste) qui peut être de deux heures, voire plus. Mais rassure-toi, c’est pas partout comme ça. Perso, quand j’étais salariée en Espagne, je travaillais souvent de 9h à 18h avec une heure de pause à 14h.

Les différences avec la France

Passer de 35 heures à 40 heures de travail en Espagne, ça pique. Une heure de plus par jour, ça laisse moins de temps aux activités perso. Mais on s’y fait vite. D’autant que les Espagnols vivent aussi plus tard. 

Par contre, ce nombre d’heures de travail hebdomadaire change pas mal la donne. Surtout pour les Français habitués aux RTT. En Espagne, ça n’existe pas. Tout simplement. Pas de jours de repos supplémentaires pour compenser la durée légale plus longue. Ici, les seules compensations possibles passent par les heures supplémentaires, payées ou transformées en repos selon les accords collectifs.

Jours de repos en Espagne

Congés payés

En Espagne, tout salarié a droit à 30 jours de congés par an (2,5 jours par mois travaillé). Mais ne t’emballe pas trop vite. Ici on parle de jours calendaires, pas ouvrés. Concrètement, ça fait 22 jours ouvrables, soit quatre semaines complètes. Et surtout, ces congés doivent être pris dans l’année civile, ils ne sont pas reportables automatiquement.

À côté de ça, il faut aussi compter les jours fériés. Et bonne nouvelle, il y en a beaucoup en Espagne. En moyenne, c’est une douzaine par an, avec des dates qui varient selon ta région. Entre les fêtes nationales, les fêtes locales et celles des communautés autonomes, tu te retrouves souvent avec plus de jours chômés qu’en France. Du coup, ces jours fériés compensent le fait qu’il n’y ait “que” quatre semaines de congés payés.

Congés maternité et paternité

Clairement, l’Espagne est le pays le plus avancé en matière de congés parentaux (et d’égalité homme-femme). 

D’une part, parce que les congés maternité et paternité sont passé à 19 semaines chacun. Ces congés sont payés à 100 % du salaire et peuvent être pris de façon continue ou fractionnée. 

D’autre part, parce qu’ils sont obligatoires pour les deux parents. Et oui, les papas aussi, vous devrez faire une pause dans votre carrière pour vous occuper de votre enfant. 

Avec la réforme de 2021, les deux parents sont enfin sur un pied d’égalité au niveau des congés parentaux. Hâte que ça arrive aussi en France !

Les différences avec la France

Pour le nombre de jours de congés, les différences sont assez notables entre les droits du travail en France et en Espagne. 

4 semaines de vacances, ça pique un peu. Et même si les jours fériés permettent de compenser, je trouve que c’est quand même mieux de choisir quand tu pars en vacances (pas forcément que ce soit imposé parce que tel jour, c’est la Saint Glinglin). 

Par contre, pour le congé parental, la France aurait tout intérêt à s’inspirer de l’Espagne. Que ce soit en termes d’égalité du nombre de jours, mais aussi en termes d’obligation.

Droit à la formation professionnelle en Espagne

La formation professionnelle en Espagne

En Espagne, la formation des salariés passe par la Fundación Estatal para la Formación en el Empleo (FUNDAE). Derrière ce nom un peu pompeux, l’idée est simple : chaque entreprise cotise et dispose d’un crédit annuel pour former ses employés. Ce crédit dépend de la taille de l’entreprise et de sa masse salariale. En pratique, ça veut dire que ton employeur peut financer des cours de langues, des formations techniques ou même des programmes de reconversion, tant que ça entre dans le cadre du crédit disponible.

Pour les travailleurs espagnols (ou expatriés), c’est une vraie chance, car beaucoup de formations deviennent gratuites. Mais c’est aussi un système à l’initiative de l’entreprise : ce n’est pas toi qui décides seul, c’est ton employeur qui gère les budgets et choisit les priorités.

💡 Si tu es autónomo, les règles changent. Tu ne cotises pas de la même façon qu’un salarié, donc tu n’as pas accès automatiquement aux crédits formation. Par contre, tu peux profiter de programmes publics mis en place par l’État ou ta communauté autonome. Ces formations sont souvent gratuites ou fortement subventionnées, surtout dans les domaines stratégiques, comme le digital, l’innovation ou la gestion d’entreprise. Ça demande un peu plus de recherche, mais il existe des catalogues en ligne où tu peux trouver des options adaptées.

Les différences avec la France

Sur ce point, je préfère le système de formation de français, et notamment le CPF. Car en Espagne, tu n’as pas un compte personnel où ton crédit formation s’accumule automatiquement. Ici, la logique est collective et passe par l’entreprise, ou par des dispositifs publics si tu es indépendant. 

 

Le droit du travail en Espagne a ses propres codes. Plus d’heures par semaine, mais aussi plus de jours fériés. Des contrats plus flexibles, un système de congés parentaux bien plus égalitaire, des droits à la formation collective, … Apprends à jongler avec la réglementation espagnole pour bien vivre ton expatriation professionnelle. 



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