Tout savoir sur la fiscalité des autónomos en Espagne

tout savoir sur la fiscalité de l'autonomo en espagne

Avant de profiter de l’aventure de l’entrepreneuriat sous le soleil méditérranéen, il te faudra apprivoiser la fiscalité de l’autónomo en Espagne. Entre déclarations trimestrielles, cotisations sociales et impôts annuels, les règles fiscales peuvent paraître complexes au premier abord. Pas de panique ! Je décortique les aspects essentiels du système d’imposition des travailleurs indépendants de l’autre côté des Pyrénées. 

Payer les impôts pour un indépendant en Espagne

Autónomo, c’est l’équivalent du micro-entrepreneur en Espagne. Et comme son homologue français, il est soumis à de nombreuses obligations auprès de l’administration fiscale.

L'IRPF, Impuesto sobre la Renta de las Personas Físicas

C’est l’impôt sur le revenu, mais version espagnole. Comme en France, il est basé sur un barème progressif qui évolue selon le montant de tes revenus nets. En gros, plus tu gagnes, plus tu payes. Logique ! Maintenant, quels sont les taux d’imposition applicables ? 

  • De 0 à 12 450 € : 19 %
  • De 12 450 à 20 199 € : 24 % 
  • De 20 200 à 35 199 € : 30 % 
  • De 35 200 à 59 999 € : 37%
  • De 60 000 à 299 999 € : 45%.
  • Au-delà de 300 000 € : 47 %

Maintenant, la particularité de la fiscalité de l’autónomo, c’est le système de rétention sur factures. En gros, quand tu factures à une entreprise ou un professionnel espagnol, tu peux inclure sur la facture une retenue d’IRPF. La première année, tu peux retenir 7 %, puis 10 % la deuxième et 15 % à partir de la troisième année. Par exemple, si tu factures 1 000 € à une entreprise espagnole en année 1, celui-ci te versera 930 €, puis 70 € à l’Hacienda. 

Si plus de 70 % de tes factures incluent une retenue, tu peux directement passer à la déclaration annuelle. 

À défaut, tu devras t’acquitter de versements trimestriels anticipés. Pour cela, tu utilises le formulaire 130 si tu exerces une activité commerciale classique, ou le formulaire 131 si tu relèves du régime des modules un système forfaitaire applicable à certaines professions spécifiques. Ces paiements trimestriels constituent des acomptes sur ton impôt annuel définitif. 

Ce n’est qu’à la fin de l’année fiscale que tu dois soumettre une déclaration annuelle complète qui récapitule l’ensemble de tes revenus et dépenses professionnelles. Celle-ci tient compte des versements trimestriels déjà réalisés et de ta situation personnelle (charges de famille, autres revenus, déductions spécifiques, …).  

La taxe sur la valeur ajoutée

La TVA espagnole (IVA – Impuesto sobre el Valor Añadido) fonctionne sur un principe similaire au système français, mais avec des taux différents. 

  • 21% général, 
  • 10% réduit
  • 4% super réduit. 

En tant qu’autónomo, ton rôle est de collecter cette TVA auprès de tes clients pour la reverser ensuite à l’administration fiscale. 

Mais pour les freelances travaillant avec l’international, la facturation et la collecte de la taxe sur la valeur ajoutée n’est pas obligatoire. Si tes clients sont français, suisses, belges ou autres, tes prestations ne sont pas soumises à la TVA espagnole. Ça t’évite des formalités administratives, mais tu auras quand même besoin d’un numéro de TVA intracommunautaire valide.

De même, tu peux être exonéré de facturer la TVA si tu exerces certaines professions médicales ou d’enseignement. 

À la différence du statut auto-entrepreneur en France, l’exonération de TVA ne t’empêche pas de récupérer celle que tu paies sur tes achats professionnels en Espagne. L’administration fiscale te remboursera alors le trop-perçu sur une base trimestrielle. Sache quand même que l’Hacienda prend son temps pour te verser ton dû. Contrairement aux paiements, les délais de remboursement peuvent facilement atteindre plusieurs mois. 

Les cotisations sociales

Niveau cotisations sociales, la fiscalité de l’autónomo en Espagne n’est pas si avantageuse. Et pour cause, les nouveaux entrepreneurs payent la « tarifa plana » la première année d’activité (86 €) . En soi, c’est un tarif réduit. Donc a priori plus intéressant. Le souci, c’est qu’il est dû, peu importe le montant de ton chiffre d’affaires. Que tu aies encaissé 0 ou 10 000 € mensuels ta première année, tu payes la même chose. 

Comme en France, ces charges financent ta protection sociale :  assurance maladie, droits à la retraite, arrêt de travail ou d’accident professionnel. 

La tarifa plana peut être prolongée d’un an si tes revenus restent inférieurs au salaire minimum (soit 1 381 euros mensuels en 2025). Même si je trouve que le principe de paiement unique mensuel est moins avantageux qu’en France, c’est quand même bien de savoir que tu peux bénéficier d’une réduction des charges sociales pendant les deux premières années. Ça te permet alors de développer ton activité plus sereinement. 

Maintenant, à combien s’élèvent les cotisations sociales passé la première année ? Voici un tableau récapitulatif : 

Tranche de revenus nets mensuels (€)

Base de cotisation minimale (€)

Base de cotisation maximale (€)

Cotisation mensuelle minimale (€)

Cotisation mensuelle maximale (€)

≤ 670

653,59

718,94

205,23

225,75

670,01 – 900

718,95

900,00

225,75

282,60

900,01 – 1 166,70

849,67

1 166,70

266,80

366,35

1 166,71 – 1 300

950,98

1 300,00

298,61

408,20

1 300,01 – 1 500

960,78

1 500,00

301,68

471,00

1 500,01 – 1 700

960,78

1 700,00

301,68

533,80

1 700,01 – 1 850

1 143,79

1 850,00

359,15

581,90

1 850,01 – 2 030

1 209,15

2 030,00

379,67

638,60

2 030,01 – 2 330

1 274,51

2 330,00

400,20

733,60

2 330,01 – 2 760

1 356,21

2 760,00

425,85

869,70

2 760,01 – 3 190

1 437,91

3 190,00

451,50

1 005,80

3 190,01 – 3 620

1 519,61

3 620,00

477,16

1 141,90

3 620,01 – 4 050

1 601,31

4 050,00

502,81

1 278,00

4 050,01 – 6 000

1 732,03

4 909,50

543,86

1 542,59

6 000

1 928,10

4 909,50

605,42

1 542,59

Source : Site du ministère de la sécurité sociale espagnole 

💡 Les cotisations sont prélevées automatiquement sur ton compte bancaire. Mais s’il y a souci, l’hacienda peut faire grimper ta cotisation de 86 à près de 400 euros, car elle considère que tu n’as pas payé dans les délais. Alors pense à vérifier systématiquement que le prélèvement a bien été effectué. 

Les autres taxes

La fiscalité de l’autónomo en Espagne ne s’arrête pas aux trois taxes susmentionnées. D’autres prélèvements peuvent s’appliquer selon ta situation. 

  • La taxe sur les activités économiques (IAE) concerne uniquement les indépendants dont le chiffre d’affaires annuel dépasse 1 million d’euros. Honnêtement, je te souhaite de la payer. 
  • Les retenues sur salaires et honoraires si tu emploies du personnel ou sous-traites à d’autres professionnels. 
  • Les retenues sur loyers professionnels qui t’obligent à retenir 19% du montant du loyer que tu paies
  • Les taxes municipales variant selon ta localité, comme les frais de collecte des ordures pour les locaux commerciaux, les taxes d’occupation d’espace public ou les licences d’ouverture d’entreprise. C’est un peu comme la CFE française. 
  • Les taxes environnementales spécifiques si ton activité génère des déchets dangereux ou certaines émissions, gérées au niveau régional ou national. 

Te voilà mieux armé pour mieux comprendre les obligations fiscales qui rythmeront ta vie d’autónomo en Espagne. Maintenant, il te reste encore à tout déclarer. 

Remplir ses déclarations fiscales en temps et en heure

La fiscalité espagnole fonctionne selon un calendrier bien précis qui va rythmer ton année. En tant qu’autónomo, quelles sont les dates à ne surtout pas manquer ? Quels formulaires utiliser ?

Les déclarations trimestrielles et les formulaires associés

Tous les trimestres, tu dois rendre des comptes à l’hacienda. Les déclarations à remplir varient selon le type d’impôt à payer : 

La TVA collectée et payée : tu devras remplir le fameux formulaire 303. Ce document te permet de déclarer la TVA facturée à tes clients et celle que tu as payée sur tes achats professionnels. 

Si tu cotises par modules, n’oublie pas de compléter la section spécifique au régime simplifié dans ce même formulaire. 

Et si tu fais des affaires avec d’autres pays de l’Union Européenne, le formulaire 349 viendra s’ajouter à ta liste de déclarations. 

La déclaration trimestrielle de revenus : 

  • Si tu paies l’impôt par cotisation directe, tu utiliseras le formulaire 130. 
  • Si tu es au régime des modules, ce sera le formulaire 131. 

Les déclarations de retenues pour les tiers : 

  • Tu as des employés ou tu sous-traites à d’autres autonomos ? Tu devras alors utiliser le formulaire 111 pour déclarer les retenues effectuées sur les salaires de tes employés ou les factures de tes collaborateurs indépendants. 
  • Tu loues un local professionnel ? C’est le formulaire 115 qui t’attend. 

Toutes ces déclarations sont à déposer avant les 20 janvier, 20 avril, 20 juillet et 20 octobre. 

Les récapitulatifs annuels

En plus des déclarations trimestrielles, plusieurs échéances annuelles vont ponctuer ton calendrier fiscal. Là encore, tout dépend des taxes : 

La TVA : en janvier, tu dois soumettre les états récapitulatifs annuels via le formulaire 390. Ils synthétisent l’ensemble de ton activité fiscale de l’année précédente sans entraîner de paiement supplémentaire.

Les retenues pour les tiers : tu dois transmettre les formulaires 180 et 190 dès le mois de janvier. Et si tu as réalisé plus de 3 000 euros de transactions avec un même partenaire commercial, tu devras ajouter le formulaire 347. Pour ce dernier, l’échéance est repoussée d’un mois (entre le 1er et le 28 février). 

La déclaration annuelle de revenus : c’est le grand rendez-vous fiscal de l’année. Pour cela, remplis le formulaire D-100 entre le 2 mai et le 30 juin. Ce document intègre l’ensemble de tes revenus, personnels comme professionnels, et détermine ton imposition définitive après prise en compte des acomptes versés.

Perdu dans la fiscalité de l’autónomo en Espagne. Voici un calendrier fiscal qui pourrait t’aider à y voir plus clair : 

calendrier fiscal pour autonomo

👉 Mes conseils bonus : 

  • Configure des rappels dans ton agenda 10 jours avant chaque échéance. 
  • Consulte régulièrement le site de l’Agencia Tributaria pour les éventuels changements de dates (notamment en cas de jour férié). 

Gérer sa fiscalité d’autónomo en Espagne

Au-delà de la simple conformité aux obligations légales, une gestion fiscale efficace peut améliorer la rentabilité de ton activité. Voici mes astuces pour transformer cette contrainte administrative en opportunité d’optimisation. 

Tenir une comptabilité rigoureuse au quotidien

La clé d’une fiscalité maîtrisée réside dans une organisation comptable méthodique et régulière. Plutôt que d’attendre la fin du trimestre pour trier frénétiquement tes factures, adopte une discipline quotidienne ou hebdomadaire. 

  • Classe systématiquement tes justificatifs de revenus et de dépenses par catégorie et par date. 
  • Prépare tes documents comptables au fur et à mesure. 
  • Numérise l’ensemble de tes documents et organise-les dans un système de classement logique, accessible depuis n’importe où. 

Cette rigueur comptable te permettra de préparer tes déclarations plus sereinement, mais aussi d’avoir une vision claire et actualisée de la santé financière de ton activité.

Connaître les déductions fiscales en détail

Le système fiscal espagnol offre de nombreuses possibilités de déductions pour les autónomos. Mais sans connaissance approfondie de ces mécanismes, impossible de réduire ton imposition. 

Le plus simple, ce sont les frais directement liés à ton activité professionnelle. Matériel informatique, logiciels, fournitures, frais de déplacement professionnels, assurances professionnelles, … tous sont déductibles.

Mais d’autres déductions sont moins évidentes. 

  • Le home office : si tu travailles depuis ton domicile, tu peux déduire une partie proportionnelle de tes charges (électricité, internet, loyer ou amortissement immobilier) correspondant à l’espace dédié à ton activité professionnelle. 
  • Les déplacements professionnels : deux options s’offrent à toi : 1 – Soit déduire les frais réels (carburant, entretien, assurance, amortissement) au prorata de l’usage professionnel. 2 – Soit opter pour un forfait kilométrique. 
  • Les cotisations sociales et assurances privées : comme la santé et la prévoyance dans la limite de plafonds annuels. 

Ces déductions s’appliquent tant à l’IRPF trimestriel qu’à la déclaration annuelle définitive. 

Utiliser des outils de gestion adaptés à son activité

De nombreux logiciels facilitent la gestion administrative et fiscale des autónomos en Espagne. C’est d’autant plus important qu’à partir de juin 2025, la facturation électronique devient obligatoire. Ton fichier Excel ne sera plus suffisant pour respecter la législation en vigueur. 

Alors comment choisir son logiciel de facturation ? Voici quelques critères à prendre en compte : 

  • Une adaptation au marché espagnol (numérotation séquentielle, mentions obligatoires, calcul correct de la TVA) ; 
  • Des rappels automatiques pour les factures impayées, améliorant ainsi ta trésorerie ; 
  • Des fonctionnalités OCR pour photographier tes justificatifs ; 
  • Des tableaux de bord qui visualisent clairement l’évolution de ton activité. 

 

Se faire accompagner par un gestor

La fiscalité espagnole évolue régulièrement et comporte de nombreuses subtilités pour les autónomos francophones. Moi y compris. C’est la raison pour laquelle, je préfère passer par un gestor (l’équivalent de l’expert-comptable). Il me fait gagner du temps dans ma comptabilité, tout en m’évitant les erreurs vis-à-vis de l’hacienda. Et franchement, ma tranquillité d’esprit vaut bien l’investissement (entre 50 et 100 € mensuels selon les cabinets). 

 

Maintenant que tu en sais plus sur la fiscalité de l’autónomo en Espagne, tu es prêt à remplir toutes tes obligations. 

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