Entreprendre en Espagne. Sur le papier, ça fait rêver ! Mais qu’en est-il dans la réalité ? Les galères administratives, la barrière de la langue, les impôts, le niveau de rémunération à revoir à la baisse, … Tout ça fait aussi partie de la vie des entrepreneurs expatriés. Et mieux vaut en avoir conscience avant de franchir le pas. Mon objectif n’est surtout pas de te dégoûter à te lancer dans l’aventure. Au contraire, je veux te montrer tous les aspects de la vie d’indépendant et de la création d’entreprise ; les bons, comme les mauvais. C’est parti !
Je commence cet article par les avantages de la vie entrepreneuriale en Espagne, histoire de te motiver et de passer outre tous les inconvénients.
Je me suis expatriée en Espagne avant de devenir freelance. J’en avais juste marre de Paris, et je voulais plus de soleil (dans tous les sens du terme). J’ai eu une opportunité professionnelle à Madrid, alors j’ai sauté le pas. Mais par rapport à ma carrière parisienne, c’était une sacré régression : je suis passé de gestionnaire de projet à télévendeuse.
Au début, ça m’importait peu. Je kiffais ma vie. Puis au bon d’un moment, ça m’a saoulé de déranger des gens tous les jours.
C’est là que j’ai commencé à chercher à devenir indépendante (mais sans aucune idée d’entreprise). Tout ça pour dire que si tu choisis d’entreprendre en Espagne, t’auras pas besoin de passer par ces jobs de “m…e”. Parce que si tu parles pas espagnol, c’est un peu la seule voie qui s’offre à toi.
À la place des tafs alimentaires, tu pourrais exercer un métier qui te plaît, sans avoir à sacrifier ton cadre de vie.
📚 Pour aller plus loin :
Quand tu crées une entreprise, ton réseau fait toute la différence ; ça te permet de trouver des clients, de te motiver, de t’inspirer, de développer des partenariats, … Bref, sans réseau, t’auras du mal à faire grandir ton activité, voire pire, à garantir sa survie.
Si tu choisis d’entreprendre en Espagne, tu peux accéder à un double réseau : les Français que tu as rencontrés avant ton expatriation, et toutes les personnes que tu as rencontrées après. Dans ce lot, tu as sans doute quelques Français (la communauté francophone est assez puissante en Espagne), mais aussi des étrangers (espagnols, anglais, américains, italiens, latinos, …).
Et ça, c’est encore plus puissant pour développer ton activité. Je parle pas seulement de créer une multinationale avec des clients du monde entier. Mais plutôt, d’ouvrir ton esprit. Tu accèdes à des cultures différentes qui te permettent de t’enrichir d’un point de vue humain, et d’envisager l’entrepreneuriat de différentes manières. Tu n’es plus fermé à une vision franco-française, mais tu peux piocher dans plusieurs modèles pour construire celui qui te correspond le mieux.
À la base, si je me suis lancée dans le freelancing, c’était pour devenir digital nomad. J’avais aucun business plan, ni réelle volonté de créer mon entreprise. Je rêvais simplement de voyager et de découvrir plein de pays. J’avais prévu de vivre au Mexique pendant quelques mois, avant de partir pour de nouvelles aventures.
Finalement, ça fait 5 ans que je suis entrepreneuse, et j’ai toujours pas quitté l’Espagne (même si j’ai changé de ville).
Mais ce n’est que mon expérience. Il y a pleins d’entrepreneurs digitaux qui voyagent à travers le monde. Évidemment, pour vivre ce mode de vie, il faut bien choisir son métier. Perso, j’avais regardé sur Google et rédactrice web m’avait semblé le job le plus accessible (en plus, j’adore écrire).
Mais il y en a pleins d’autres : développeur web, designer graphique, consultant marketing, community manager, copywriter, expert Ads, …
💡 Sur terre, il y a plein de paradis des digital nomad. Tout le monde connaît Bali, mais c’est loin d’être le seul. Il y en a un autre qui se trouve en Espagne. En fait, ils sont plusieurs : ce sont toutes les îles Canaries. Là-bas, il fait beau toute l’année (ce sont les îles du printemps éternel). Et forcément, ça attire des digital nomads du monde entier.
Parce que tout n’est pas tout beau, tout rose dans l’entrepreneuriat en Espagne, je te dévoile les principales galères que j’ai rencontrées.
Que tu sois freelance ou expat, les galères administratives, c’est relou. Mais alors quand tu cumules les deux, c’est double peine.
NIE, padron, alta de autónomo, seguridad social, hacienda, … J’en passe et des meilleurs. Les formalités administratives sont légion ici. Ne serait que pour avoir une existence juridique, travailler et te déclarer, t’auras absolument besoin du NIE. Selon ta ville, tu peux obtenir des citas super rapidement, ou patienter des mois pour avoir le fameux papier vert.
Et selon ton projet entrepreneurial et ton statut juridique, les formalités peuvent devenir encore plus complexes (que ce soit pour l’immatriculation, la rédaction des statuts, …).
👉 Mon conseil : que tu choisisses de créer une start’up, une société internationale ou un solo business, fais-toi accompagner par un gestor (équivalent de l’expert-comptable). D’autant plus si tu maîtrises pas trop l’espagnol. Certes, ça a un coût financier, mais tu gagnes tellement en tranquillité d’esprit.
📚 Pour aller plus loin :
Que tu choisisses d’entreprendre en France ou en Espagne, t’as tout plein de taxes à payer. Ça ne change pas, à part le nom. Au pays du flamenco, les deux plus grosses taxes sont les cotisations sociales et l’IRPF (équivalent des impôts sur le revenu en France) pour les autonomos.
Dans les deux cas, t’es pas forcément gâté et tu dois payer (cher) quoi qu’il arrive. Mais quand tu commences à entreprendre en Espagne, la facture est encore plus salée.
Je m’explique :
Je trouve vraiment ça dommage, car ça incite personne à entreprendre en Espagne.
💡 Si t’as choisi de créer une société de type SARL (société à responsabilité limitée) ou SA (société anonyme), t’auras aussi l’impôt sur les sociétés à payer.
150 000 Français vivraient en Espagne. Un beau chiffre. Mais est-ce suffisant pour y trouver tes clients ? J’en doute. En tout cas, ça ne l’est pas pour moi.
Si tu cibles une clientèle francophone, il faudra aller de l’autre côté de la frontière. Tu me diras, avec Internet, c’est pas un problème. Mais pour certains entrepreneurs en Espagne, c’est beaucoup plus simple de partir à la rencontre des prospects pour nouer de vraies relations. Et c’est là que ça coince. En soi, c’est assez facile de se rendre en France régulièrement pour assister à des salons professionnels ou autres événements. Mais au bout d’un moment, ça peut faire un trou dans le budget (d’autant plus si t’as pas de proches pour t’héberger à Paris). Sans oublier que si tu prends l’avion à chaque fois, ton impact carbone en prend un coup.
Perso, mes clients sont tous francophones. Je ne suis donc pas trop touché par la différence de TJM. Mais si tu choisis d’entreprendre en Espagne avec des Espagnols (BtoB ou BtoC), révises peut-être ton tarif à la baisse.
Même dans les grandes villes, comme Madrid ou Barcelone, où le coût de la vie est élevé, je trouve que les salaires ne suivent pas. Après avoir discuté avec plusieurs salariés, je me suis rendu compte que gagner 2 000 euros quand t’es dans la trentaine, c’est cool. Et si t’as le malheur de demander une augmentation de salaire, t’es tout de suite cataloguée de Français râleur (parce que c’est bien connu, on fait grève pour un rien).
Du coup, j’imagine que c’est un peu pareil quand t’es freelance. Tu t’alignes sur les prix du marché, et tu te plains pas trop.
Et bien sûr, à côté de tous ces inconvénients, il y a toutes les joies de la vie d’entrepreneur, comme la comptabilité, l’étude de marché, la prospection, et j’en passe. Mais malgré tout ça, ça vaut vraiment le coup de créer son entreprise en Espagne (ou ailleurs).
📚 Pour aller plus loin :
Un peu comme en France, tu dois d’abord trouver ton idée de business, choisir ton statut juridique et réaliser les formalités de création d’entreprise. Selon que tu crée une société (de type SA, SARL, …) ou que tu deviennes autonómo, les démarches sont plus ou moins complexes.
En Espagne, le secteur nº1, ça reste le tourisme. Un resto en bord de mer, une école de surf, un écolodge ou une conciergerie peuvent donc être d’excellente idées. Mais il y en a pleins d’autres : marketing, photographie, immobilier, bien-être, … L’important, c’est que tu crées une entreprise qui te donne envie de te lever le matin.
C’est une question super personnelle. Pour moi, c’est le mode de vie, le climat et les gens. Pour d’autres, ça peut être l’ouverture à un autre marché (notamment sud-américain), le goût du challenge, la rencontre avec un bel espagnol, … que sais-je.